mardi 10 janvier 2012

David, Portrait d’homme, dit de Dubois-Crancé.


Jacques-Louis DAVID (Paris, 1748 – Bruxelles, 1825)
Portrait d’homme, dit de Dubois-Crancé

Juin-juillet 1795

Plume, encre noire, lavis gris et rehauts de blanc sur crayon noir sur papier

Forme ronde. Diamètre : 18,4 cm

Collection Hippolyte Destailleur (1822-1893) ; sa vente Paris, 19 mai 1896, n° 748. Collection du Marquis de Biron (vers 1860-1939) ; sa vente, Paris, galerie Georges Petit, 9 juin 1914, n° 13. Acquis à cette vente par le Louvre

RF4233

Arts graphiques
Musée du Louvre, Paris, France.






  • En bas à droite : L. David

Portrait d’homme, dit de Dubois-Crancé

Ce portrait fait partie d’une série de médaillons exécutés par David en 1795 d’après ses compagnons prisonniers avec lui, lors de la réaction thermidorienne qui suivit la chute de Robespierre. Il était censé représenter Dubois-Crancé, un ami de David à l’époque où celui-ci composait Le Serment du Jeu de Paume. Mais cette identification est certainement erronée.

Un groupe de portraits révolutionnaires


Après la chute de Robespierre le 9 Thermidor an II, David qui avait partagé ses idées et siégé au Comité de Sûreté Générale, sera emprisonné par deux fois : d’abord au Luxembourg en 1794, puis aux Quatre-Nations après l’insurrection jacobine du 9 Prairial an III (28 mai 1795). Le second enfermement se situe entre le 30 mai et le 3 août 1795, date à laquelle il sera définitivement remis en liberté. Avec lui sont enfermés une quinzaine d’anciens montagnards dont il fait les portraits au lavis, dans des médaillons de forme ronde. On en connaît aujourd’hui neuf. Certains d’entre eux sont annotés « in vinculis », c’est-à-dire qu’ils ont été tracés « dans les liens ».

Un inconnu mal identifié


Le médaillon du Louvre où le personnage est représenté en buste de profil, comme tous les autres de la série, a longtemps été censé représenter un ancien ami de David, le constituant Dubois-Crancé (1747-1811) à qui l’artiste avait réservé une place de choix dans son grand dessin du Serment du Jeu de Paume et dans le tableau inachevé qu’il prépare (tous deux conservés à Versailles).
Mais il est aujourd’hui avéré que Dubois-Crancé ne fut pas inquiété après Thermidor. Il avait eu après 1791 une attitude politique beaucoup plus fluctuante que celle de David et avait été éliminé du club des Jacobins en juillet 1794, dès avant la chute de Robespierre. L’homme représenté porte un gilet brodé qui lui confère un aspect quelque peu militaire. Certains auteurs voient en lui Robert-Lindet (1746-1825) qui avait été un spécialiste des subsistances au Comité de Sûreté Générale à l’époque de la Terreur et fut effectivement emprisonné avec David. Mais cette identification est elle aussi sujette à caution.

Des effigies significatives


Le groupe des portraits de montagnards emprisonnés avec David en 1795 est particulièrement remarquable. Il représente des hommes marqués par l’échec de la Révolution dans sa forme la plus intransigeante et la plus extrême. Certains d’entre eux, comme Barbau du Barran ou Bernard de Saintes, s’étaient montrés d’une extrême férocité pendant la Terreur. Ils connaissent à leur tour l’angoisse de l’emprisonnement et l’âpre saveur de l’échec. Mais aucun d’entre eux ne sera exécuté, signe que les temps ont changé après Thermidor…

BIBLIOGRAPHIE :
- ROSENBERG P., PRAT L.-A., Jacques-Louis David 1748-1825 : Catalogue raisonné des dessins, 2002, I, n° 153

SOURCE : www.louvre.fr

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